To cherish our civilisation.

 

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Il y a la civilisation et les barbares.

Diverses civilisations ont évolué différemment. Certaines sont éteintes, d’autres existent qui sont caractérisées par un fond de connaissances et d’interprétations de celles-ci, des règles d’organisation de la société, des croyances et des us et coutumes. Peu de civilisations sont compatibles entre elles, surtout lorsque des dogmes religieux ou idéologiques sont à leur base. Comme S. Huntington le décrivait[1], chaque grande civilisation du monde a aussi un berceau géographique, ce qui en fait des régions ayant des intérêts stratégiques distincts.

Les barbares existent et ne se trouvent aujourd’hui plus à l’extérieur des régions civilisées mais ils en persillent le paysage. Ils se nient à eux-mêmes tout acquis philosophique, scientifique ou artistique. Ils se complaisent dans l’ignorance et dans le pur rapport de force. Certains y voient là une forme de modernisme ou de projet de société « autre » après qu’on aura fait table rase, ce sont les « barbares intellos ».

La civilisation européenne à laquelle je me rattache a bien des mérites mais une grande faiblesse aussi : elle ne sait plus comment occuper sa place face aux actes de barbarisme auxquels elle est exposée ou aux affirmations, véhémentes ou insidieuses, de positions qui lui sont contraires et que l’on voudrait lui imposer. Trop apte à la critique interne et au doute elle se met d’elle-même en situation de faiblesse, voire d’échec.

Essayons d’en résumer les fondements :

La civilisation européenne s’est construite au long de plus de trois millénaires par l’apprentissage de la philosophie, des sciences et de l’expression artistique. Historiquement on peut l’appeler gréco-chrétienne. Nous sommes les héritiers de cet apprentissage que nous continuons, car jamais achevé.

La personne y est au centre, dont la liberté et la propriété ne sont limitées que par celles des autres ; respectable et digne, cette personne est responsable de ses paroles et de ses actes.

La vie en société est gouvernée par la loi, issue de la raison. Le religieux ou le spirituel restent du domaine exclusivement privé, individuellement ou en communautés. La liberté se gagne quotidiennement par le refus de toute contrainte, imposition morale ou politique que des groupes ou tribus ne cessent jamais d’essayer d’exercer. Les règles de vie en commun sont adoptées de manière démocratique. Plutôt que par la force le règlement de conflits et autres différents est confié à une justice compétente et indépendante.

Dans quelque domaine que ce soit le débat et la dispute intellectuelle sont inhérents à la vie de la société car ils permettent d’affiner le raisonnement, de remettre en cause les normes et de faire progresser la connaissance et la compréhension du monde ; cela exige de la courtoisie et un grand esprit de tolérance mais celle-ci n’est pas absolue : elle trouve sa limite face à l’intolérance ou à la barbarie de l’autre.

Sans reniement de l’héritage chrétien mais sans subordination à ce culte on y cultive le souci et le respect du prochain et l’esprit de réconciliation.

La libre pensée, la recherche scientifique et le développement technologique ainsi qu’une vie culturelle active, allant du folklore à un foisonnement d’expressions artistiques les plus avancées, permettent d’affirmer l’existence et la vigueur de cette civilisation.

En plus bref, style PowerPoint :

  • Trois mille ans d’apprentissage

–          Philosophie,

–          Science,

–          Art

  • Héritage perfectible, à développer et transmettre
  • La Personne au centre

–          Liberté et propriété seulement limitées par celles des autres.

–          Digne et respectable

–          Responsable de ses paroles et actes

  • Usage de la raison

–          Religion et spiritualité confinées à la sphère privée

  • Refus des contraintes morales ou politiques imposées par groupes ou tribus
  • Vie en commun

–          État de droit

–          Processus démocratique de choix et de décision

–          Conflits et différent réglés par une justice compétente et indépendante

  • Culture du débat et de la dispute

–          Avec courtoisie et tolérance

–          Mais tolérance limitée par l’intolérance ou la barbarie de l’autre

  • Influence de la morale chrétienne

–          Souci et respect de l’autre

–          Réconciliation

  • Libre pensée, science, technologie et vie culturelle active témoins de l’existence et de la vigueur de cette civilisation.

 

 

À celui qui ne trouvera dans ceci que platitudes et banalités il faudra rétorquer que bien des aspects de cette culture qui lui paraissent évidents ne sont pas du tout ou très différemment pris en compte dans d’autres civilisations, surtout ceux relatifs à la primauté de la personne sur le groupe ou la tribu, à l’usage de la raison, au progrès[2], à la séparation entre religions et normes sociale et légales, à l’exercice démocratique, ou à la libre création scientifique et artistique.

La variante américaine de notre civilisation comporte deux composantes supplémentaires, l’une de la foi en soi et en l’effort (« can do attitude »), l’autre la conscience de sa supériorité qui justifie toute utilisation du rapport de force dans les relations internationales. Reconnaissons à ce sujet que ces deux aspects ont été déterminants pour la libération de l’Europe de ses deux dérives totalitaires du XXème siècle. En eût-elle eu la force sans cela ?

On remarquera que j’ai évité d’introduire la notion de « valeur » dans  cette description. Car ce que certains appellent valeur peut être en effet perçu comme contrainte morale par d’autres ; ou alors il s’agit de slogans pour les paresseux, mot valises plus ou moins vides de sens.

Entre ce à quoi on tend et le point où l’on est arrivé il reste encore un assez grand écart. C’est bien là la force d’une civilisation occidentale qui possède en elle-même la notion d’évolution, qui continue de s’interroger, d’apprendre et de se développer alors que d’autres, figées dans des dogmes et normes immuables, ont disparu ou restent en stagnation.

La liberté d’expression, directement dérivée de la liberté d’opinion, est sans cesse remise en question, soit par des totalitaires affirmés, soit par des êtres bien-pensants voulant imposer leur [bonne] morale au-dessus de celle [mauvaise] des autres.  Et aussi, tragique suite logique de cette liberté durement conquise, trop de clercs mettent en danger les acquis de cette civilisation par leurs efforts de relativisation et de déstructuration sans assumer aucune responsabilité pour les conséquences éventuelles de leur propos et de leurs actes. Et n’oublions pas que le corollaire de la liberté est la responsabilité. Le bouffon n’est utile au prince que tant qu’il sait tenir sa place. Et depuis Platon on sait que le philosophe qui se mêle d’action politique se réduit à être un militant, souvent très peu doué pour ce type de tâche.

De son côté l’exercice démocratique en est toujours à ses balbutiements. Les pouvoirs conférés aux représentants – législateurs, exécutifs, juges – manquent encore de processus correctifs, ce qui leur permet trop souvent d’agir au contraire du bien commun ou de la volonté populaire qui devrait être souveraine. Et aussi, usant un pragmatisme politicien par lequel des problèmes sont successivement résolus sans qu’une ligne stratégique à long terme ne soit définie, on arrive à des constructions complexes, souvent bureaucratiques,  dans lesquelles chacun se sent enfermé sans savoir pourquoi et comment on en est arrivé là, ni comment s’en sortir.

Il n’empêche que créativité et innovation se manifestent de manière très vivace dans cette civilisation. Elle a repris la main dès la Renaissance et elle ne montre pas vraiment les signes de décadence que certains se complaisent à y déceler.

La fin de l’histoire n’est pas pour demain.



[1] Samuel Huntington. The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, New York, Simon & Schuster, 1996 ISBN 978-1451628975


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