Liberal opinion on the Swiss referendum “against mass immigration”

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Les défendeurs de cette initiative sont prompts à accuser ceux qui vont la refuser de tous les maux : renoncement à l’indépendance du pays et irresponsabilité d’accepter l’excessive pression que la population étrangère exerce sur la vie dans le pays. Comme ils ont, de leur point de vue, par définition raison ils vont vite, trop vite, en arriver à la polarisation catégorique qui classe contre eux celui qui n’est pas complètement avec eux et qui sera taxé d’idiot ou de vendu. C’est là une habitude que l’UDC a de se rendre peu digérable pour ceux qui n’ont ni l’inclinaison centralisatrice et redistributrice de la gauche ni ses attitudes pseudo-moralistes.

Pourquoi faut-il refuser cette initiative ?

  • Tout d’abord parce qu’elle ne résout rien.
  • Ensuite parce qu’elle suppose que lorsque l’on coupe quelque chose à un organisme celui-ci continue de fonctionner comme si de rien n’était.
  • Et enfin parce qu’elle suppose que les accords internationaux peuvent être renégociés selon les termes unilatéraux de celui qui le demande.

Elle ne résout rien : proposant d’en revenir aux contingents et aux autorisations préalables elle ne précise en rien pourquoi cela mènerait ipso facto à une réduction des flux migratoires. Pourtant dans son alinéa 3 le texte constitutionnel proposé précise que « les intérêts économiques globaux de la Suisse » doivent être pris en compte et que, après respect de la préférence nationale, une autorisation de séjour sera liée à la demande d’un employeur. Donc en cas de quasi plein emploi toute demande d’un employeur sera satisfaite. C’est la situation actuelle, qui en plus offre un avantage aux ressortissants de l’Union européenne par rapport aux autres origines. Et en cas de récession, générale ou sectorielle accompagnée d’une montée du chômage, les demandes se tariront et, faute d’immigrants, l’application de contingents n’aura plus lieu d’être. Des gesticulations auront lieu au parlement pour fixer des contingents mais cela restera un exercice stérile dont le seul avantage sera que d’autres imbécilités ne seront pas commises tant qu’on se chamaillera sur ça.
Si l’immigration présente des problèmes ce texte ne les résout donc pas.

Si vous avez mal au pied et que l’on vous propose d’en couper un bout vous aurez certainement l’idée que vous n’allez pas marcher aussi bien. C’est pourtant ce que suggère l’initiative. Lorsqu’en gros le pays va bien et que sa compétitivité est la meilleure du Monde, on suppose que cela ne va pas changer si les conditions cadres sont modifiées, en particulier si l’on freine ou stoppe l’apport de forces de travail compensant la démographie négative du pays, son manque de natalité et son vieillissement, ainsi que les lacunes de l’offre (soins à la personnes, spécialistes en informatique, science et technologies, etc.). On devra en revenir au premier argument, les autorisations seront nécessairement accordées, ou alors il faudra renoncer à une partie du bien-être qui est actuellement le nôtre et à une compétitivité indispensable pour assurer l’avenir du pays.
Si ça c’est œuvrer pour le bien commun alors il faudra choisir ses amis ailleurs.

Et puis il y a les accords avec l’UE. On sait qu’une clause couperet permettrait à l’UE de dénoncer les autres accords bilatéraux qui fixent les modalités de coopération avec la Suisse. Bizarrement les initiateurs nient que ce soit un problème et le présentent comme une hypothèse alarmiste de la part des opposants. On peut même croire à de la duplicité car l’initiative vient de milieux qui se sont toujours opposés à un rapprochement avec l’Europe : leur posture idéologique serait bien satisfaite si tous les accords devaient être remis à plat, sans considération pour les conséquences. Bien sûr les responsables de l’UE, Conseil et Commission, savent que la balance commerciale avec la Suisse leur est favorable de 20,3 milliards de francs (3,4% du PIB Suisse) et que l’on ne peut traiter avec nous de manière déséquilibrée. Cependant ce serait pour l’UE une occasion rêvée de négocier en position de force. Par ailleurs sur les 715’710 Suisses vivants à l’étranger, 427’309 sont établis dans l’UE (fin 2012). Pour ceux-là, les conséquences de l’abandon de la libre circulation restent totalement inconnues et n’ont pas l’air d’inquiéter les initiateurs.
Si affirmer sa souveraineté signifie dépendre de la bonne volonté des autres pour renégocier les traités alors c’est se réjouir d’un auto-goal.

À une initiative il faut répondre par oui ou par non : pour moi ce sera NON !

Voir aussi une analyse des questions relatives à l’immigration ici:


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