Le libéralisme est-il encore en marche?

 

Dans le billet précédent des carte d’orientations politique ont  été dessinées.

On y remarquera qu’en France il n’y a pas vraiment de droite libérale. Et le FN a raison de ne pas accepter la dénomination d’extrême droite, il ne se trouve pas là où on le dit …ce qui ne le rend pas plus attrayant pour autant. Et on fait insulte à la droite libérale de le placer à sa droite car un parti socialiste et national n’y trouve pas sa place.

Chez nos voisins de l’ouest il y a un néo-marxisme sous-jacent qui teinte le débat, surtout chez ceux qui se gaussent de valeurs « républicaines » et qui restent viscéralement attachés à un état fort et dirigiste.
La régionalisation s’étant faite sans stratégie claire il en a résulté ce qui se dénomme un « mille feuille administratif » qui finit toujours par exiger qu’un ministre parisien s’occupe de chaque détail local par l’intermédiaire des préfectures. Ceci étant ainsi depuis des générations le monde politique parisien n’a même pas l’intuition qu’il pourrait en être autrement. On se demande d’ailleurs s’il faut fusionner les communes, les intercommunalités, les départements ou les régions. Mais personne ne met en cause la fonction des préfectures.

Pendant ce temps le reste des Français ne cultive la diversité que pour les fromages et les vins.

En Suisse, pays classé traditionnellement comme « bourgeois » donc de droite, on voit qu’un libéralisme couplé à une cohésion sociale forte et à une grande ouverture au monde est la recette1 d’un succès incontesté.
S’endormant sur celui-ci, au moins trois tendances dangereuses se profilent à l’horizon.

L’une est de prendre ce succès pour acquis et de transformer les institutions en un dirigisme paternaliste coûteux et peu responsable.
Un développement excessif de la protection sociale et de celle de l’environnement pourrait résulter un jour en une impossibilité à garantir ces protections, tant économiquement que du point de vue des ressources humaines.
Le pays ne serait alors plus soucieux de générer les richesses permettant de se payer ces prestations tout occupé qu’il serait à tricoter des systèmes confortables pour que chacun y ait une niche tranquille.
C’est ce que proposent subrepticement le parti socialiste, les verts, et une grande parte du PBD et du PDC, et contre quoi le PLR n’est plus équipé pour faire des contre-propositions, alors qu’à l’UDC – qui résiste – le ton est souvent trop abrupt et les arguments peu élaborés pour être convaincants.
Il est en fin de compte heureux d’avoir sous les yeux le contre-exemple de l’Union Européenne pour nous empêcher d’aller trop loin dans ce genre de voie.

L’autre tendance est d’avoir crainte de perdre ce que l’on a et de chercher à tout prix une illusoire sécurité, tant du point de vue individuel que collectif.
C’est ainsi que l’on rejette les technologies nouvelles (OGM), abandonne le nucléaire par peur irraisonnée, et qu’on réclame d’enfermer définitivement ou de refouler ceux qui font ou pourraient faire peur.
Même en Suisse on est dans le post-moderne, terreau idéal pour le populisme et la démagogie. L’UDC surfe là dessus alors que le reste, surtout le PS, y patine.

Quant au Conseil fédéral, par essence non localisable sur les diagrammes mentionnés, il joue avec les deux premières tendance expliquées ci-dessus.
Souvent empreint d’un pragmatisme plus tactique que stratégique, il faut lui rappeler qu’être trop vite trop enclin au compromis devient une tare.
Par ailleurs il prend la mauvaise habitude de mettre en œuvre des stratégies empaquetées (transition énergétique, relation avec l’Union Européenne) qu’il faudrait avaler d’un bloc parce que les sujets sont complexes. Cela n’est pas bon pour l’exercice de la démocratie directe et apporte de l’eau au moulin des dirigismes de tous bords.

Où se trouvent les champions du libéralisme dans nos sociétés opulentes?

On continue de travailler, parce que le travail est une forme de divertissement. Mais on a soin de faire en sorte que ce divertissement ne soit pas trop absorbant.
On ne devient pas plus pauvre ou riche: les deux requièrent trop d’efforts. Qui veut encore diriger? Qui obéir? Les deux requièrent trop d’efforts.
Un troupeau et pas de berger! Tout le monde veut la même chose, tout le monde est pareil: quiconque se sent différent rentre volontairement à l’asile.

F. Nietsche
Ainsi parlait Zarathoustra

 

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1 démocratie directe, fédéralisme, pas de lutte des classes, presque pas de grèves, système équilibré de santé et de prévoyance vieillesse, allogènes assez bien intégrés (on a déjà bien des différences internes), formation professionnelle adaptée aux capacités des individus et aux nécessités économiques, R&D publique et privée, infrastructures efficaces.


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