Paradoxe électrique

Peu me chaut que, au cours de son histoire, le secteur électrique suisse ait fait le beurre bien gras et continu des collectivités locales, communes et cantons, et que cette rente tire à sa fin. Peu me chaut que les deux grandes compagnies productrices et vendeuses en gros aient des difficultés pour justifier les énormes immobilisations non rentables qu’elles n’ont pas su ou voulu déprécier dans le passé –il fallait les garder dans les bilans sinon on aurait pu croire que le kWh était déjà vendu trop cher. Peu me chaut que les distributeurs locaux –qui en fin de compte sont les propriétaires de la production mais se sont découplés du transport à haute tension (swissgrid)– se plaignent que les conditions d’antan ne soient plus respectées. Peu me chaut que les opérations de trading qui se font sur le marché européen (donc très majoritairement extérieur à la Suisse) soient d’une rentabilité catastrophique car ce n’est pas vraiment un marché sinon de dupes jouant au poker menteur. Peu me chaut que les Allemands aient biaisé les conditions d’échange en fournissant à prix nul au moment de la journée où l’on avait l’habitude d’avoir des prix de pointe.

Rien de cela, « business model » brisé, pot cassé et lait versé, ne me dérange vraiment.

Mais ce qui est insupportable c’est la mauvaise foi et le mensonge pervasif. La contradiction ne gêne plus personne tant qu’il y a du grain à moudre : appel à subvention (pour soi) et critique des subventions (destinées aux autres) ; solutions prétendues faisables alors que techniquement désespérantes et financièrement sans aucune viabilité ; prétentions libéralisatrices –alors qu’il s’agit de marchés monopolistiques par leur essence même– et appel simultané à des interventions régulatrices et au copinage ; critique du manque de rentabilité et absence d’esprit d’entreprise ; promesse de création d’emplois inefficaces donc inutiles, et augmentation de taxes et de prix d’ores et déjà programmées ; absurde prétention à sauver la planète de l’existence de l’être humain et promotion de la futilité écolo-climatique.

Les seuls qui savent faire leur boulot sont les ingénieurs et autres dispatcheurs qui assurent un approvisionnement continu en dépit de conditions de moins en moins maitrisables.

C’est là le paradoxe électrique : ça fonctionne, même très bien dans notre pays, et pourtant « on » fait en sorte que des problèmes surgissent : intermittence des sources dites renouvelables, manque de résilience du réseau, dumping germanique pire que toutes les chinoiseries, subventions à l’envers du bon sens, parasitisme du lobby des technologies dites vertes, mine réjouie d’une Conseillère fédérale qui n’a encore rien, mais rien, voulu comprendre, même que sa voiture jouet à batterie ne peut pas être rechargée la nuit par du photovoltaïque.

On avait du 220/380V sous 50Hz et on aura du 220/380 V sous 50 Hz, mais plus cher, moins sûr, et en emmernuyant tout le monde avec des discours de pseudo-morale écologiste, alors que l’on pourrait lire de la poésie ou de la philosophie, ou aller à la pêche, et que cela économiserait bien des nerfs et des sous.

Tout ça pour ça !


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