Oskar se trompe grave

Sorry, this is about Swiss politics (yes, it may exist). No English translation available.

Lors de l’émission Infrarouge de la télévision suisse romande du mardi 10 février il était question de la situation de l’immigration un an après le vote sur l’initiative constitutionnelle acceptée à une très courte majorité de 0,3%. Le peuple a décidé, la mise en œuvre n’est pas facile, c’est le moins qu’on puisse dire.

Oskar Freysinger s’y présente comme le vice-président de l’UDC, parti ayant été déclaré vainqueur de cette votation.

Il se désole du manque de progrès dans la mise en œuvre, de la mauvaise volonté du Conseil fédéral, de son manque de pugnacité dans les négociations avec l’UE, et de la duplicité de l’establishment économico-politique qui ne voudrait selon lui qu’un alignement servile à la technocratie de Bruxelles et aux caciques européens. Beau discours d’opposition pour un Conseiller d’État valaisan.

Le problème c’est qu’après qu’il a dit ça il n’a rien à offrir de plus.
Il ne semble pas connaitre ses dossiers, et pas non plus les fonctionnements de l’UE.
Il ne veut même pas entendre que les vaticinations helvétiques n’ont que très peu d’importance pour les Européens ; si la Suisse fermait boutique cela ferait des vaguelettes en Europe, vites aplanies.
Il se croit et croit son pays important. Pour lui-même et nos concitoyens cela peut être le cas, mais en dehors de chez nous ce n’est que par politesse que l’on nous écoute, sans nous comprendre ou alors en s’énervant de notre arrogance.

Avec son inattendu compère de service, François Schaller rédacteur en chef de l’Agéfi, il minimise l’importance qu’ont pour nous les six accords bilatéraux qui pourraient devenir caducs si la clause guillotine était appliquée par les membres de l’UE après que la Suisse aurait dénoncé formellement l’accord sur la libre circulation. Pourtant, parmi les quelques 150 accords signés avec l’UE, ce six-là ne sont pas bénins [1]. Et bien sûr il faudrait aussi y ajouter que rester dans la zone Schengen ne serait plus possible car un contrôle des étrangers suppose … qu’on en contrôle les mouvements.
Il retombe dans son travers volontariste en prétendant que tout se renégociera dans les termes dictés par les décisions du peuple souverain suisse.

Il ne répond que par un point de détail [2] à la question cruciale posée par F. Cherix (européiste convaincu du NOMES) : que voulons-nous ? Que la Suisse soit considérée comme un état tiers ou comme un état plus ou moins intégré, plus ou moins imbriqué avec l’UE ?

Il fait même l’apologie des néo-marxistes grecs de Syriza et de… Pegida en Espagne, confondant les alterno-gauchistes ibériques de Podemos avec les chemises bientôt brunes de Pegida en Allemagne. Tout isolationniste mérite son soutien, sans discernement.

Il prétend que l’économie suisse favorise l’emploi des étrangers pour faire pression sur les salaires et que les jeunes suisses ne trouvent pas de places d’apprentissage, cela prend des tons d’anti-capitaliste primaire.
Faux, lui rétorque le représentant d’économiesuisse Jan Atteslander qui, lui, semble savoir de quoi il parle : ce sont les entreprises suisses qui ont de plus en plus de peine à trouver des apprentis [3].
Pour ne pas traiter OF de menteur, ce qui peut avoir des conséquences pénales, on peut en tous cas le traiter de démagogue mensonger.

Il ne répond pas non plus la question du journaliste (bon meneur de débat, ce qui est rare): si l’économie a besoin de beaucoup d’employés faudra-t-il alors accorder tous les contingents demandés ?
Sa seule remarque est que tous les immigrants ne viennent pas pour travailler, comme si avoir femme et enfants ou demander la protection de l’asile était une horreur migratoire.
Là encore il a tout faux [4].

On peut avoir de bonnes raisons pour préférer une politique à une autre, mais on ne doit jamais se moquer de la vérité et de ses concitoyens lorsque l’on présente des arguments, c’est là que je n’arrive pas à trouver de sympathie pour certains représentants de l’UDC.

Que l’on ne me dise surtout pas que les autres c’est pire, ça c’est de la sous-morale.
Encore une fois, et comme presque toujours, Oskar fait du populisme [5] de base, infamant pour celui qui le propose.
Il devrait se mériter plus que ça mais ça demande de passer par la case « honnêteté intellectuelle », ce qui ne semble pas lui être naturel.

 

[1] Reconnaissance mutuelle en matière de conformité (simplification pour la mise sur le marché de produits et de services), transports terrestre (évitant peut être que nos investissement tunneliers ne soient pas trop déficitaires), transport aérien (accès aux aéroports, même si Swiss la mal nommée appartient maintenant à Lufthansa, elle reste domiciliée dans notre pays), marchés publics (épée à double tranchant de concurrence mutuelle), recherche (participation et financement de projets dépassant la capacité des instituts de recherche nationaux), agriculture (favorisant plus le consommateur suisse que l’agriculteur par la baisse des prix des produits importés, fromagers exportateurs assez satisfaits).

[2] Stations de chargement et déchargement rail-route en Allemagne et en Italie pas encore construite, signe selon lui symptomatique de non-respect des traités.

[3] En août 2014 de 94’500 places proposées environ 86’500 ont été occupées (Bilan, 30.10.2014).

[4] Nombre de personnes employées en Suisse au 3ème trimestre 2014 : 4925 milliers dont 1492 étrangers, chômeurs 130 dont 58 étrangers, force de travail 5055, dont étrangers 1550. Population totale : 8212 dont 1983 étrangers.
Donc (8212-5055)/8212= 38.4% ne sont pas là pour travailler, pour les étrangers ce sont (1983-1550)/1983= 21.8%,
et pour les Suisses pur sucre d’Aarberg : (6299-3605)/6299= 43.2%
Quel scandale, il ne connait vraiment pas ses dossiers !

[5] Au sujet du populisme et de ses 11 critères de détection voir mon billet http://blog.mr-int.ch/?p=1110&lang=fr


Merci de compartir cet article
FacebooktwitterlinkedinmailFacebooktwitterlinkedinmail

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.