Relation Suisse – EU : traitres aux réflexes pavloviens.

Une grande partie du monde politico-médiatique suisse a pris l’étrange habitude de remettre en question la manière que nous avons de nous gouverner chaque fois que quelque chose de différent est initié dans l’Union européenne. Il nous faut, par avance est par crainte de déplaire, passer sous le joug de cet empire, désarmer unilatéralement avant tout conflit potentiel, faire toutes les concessions imaginables avant de négocier, et bien s’assurer que nos avantages comparatifs soient gommés le plus rapidement possible.
Je n’ai jamais compris les motifs justifiant telle posture, mais je la constate avec désolation. Notre bien être est-il si durable pour que nous puissions le brader si facilement ?
C’est ainsi le cas de la fiscalité : aucun état de l’UE ne connait un système dans lequel les régions (départements, Länder, etc.) choisissent chacune l‘assiette et le barème de sa fiscalité. Cette souveraineté de nos cantons leur paraît bizarre, et qu’elle n’ait pas encore été entièrement déléguée à la Confédération les étonne. C’est ainsi qu’il est maintenant devenu presque criminel qu’il y ait concurrence fiscale entre nos cantons, et bien sûr entre la Suisse et les autres pays du monde, alors que c’est le signe d’une fantastique vitalité.
L’euro-compatibilité des lois suisses semble avoir plus d’importance que les objets mêmes qu’elles règlent. Cela est bénin lorsqu’il s’agit d’harmoniser des normes d’ordre techniques (p.ex. standard pour les études de toxicologie des médicaments, homologation d’appareils électroménagers, etc.). Mais lorsqu’il s’agit de questions d’ordre politique au sens profond de ce terme, alors il ne faudrait pas toujours et encore se désoler de l’euro-incompatibilité de notre système, ce que font systématiquement les euro-turbos de droite et de gauche dans notre pays, alors même que cela ne préoccupe pas un seul européen, qui n’en n’a rien à cirer ou qui au contraire nous envie notre manière de faire.
Fier de notre système lorsqu’il offre les garanties du droit et du respect des décisions prises démocratiquement, nous sommes suffisamment ouverts pour le faire évoluer sans que cela doive nous être dicté par un soi-disant modernisme venant d’ailleurs. Si de bonnes idées arrivent, il ne nous est pas interdit non plus de les adopter, en toute souveraineté.
Mais il faut bien se garder de s’agenouiller par réflexe de type pavlovien, sans réfléchir. Ainsi je lis dans « Le Temps » du 20 décembre que Bruxelles est hyperactif sur les « tax rulings » et que la Suisse va devoir se résoudre à les rendre transparents. Alors que cette pratique cantonale n’a jamais dérangé personne dans notre pays il faudrait maintenant, avant même qu’il y ait problème avec nos voisins, se soucier d’en changer les règles et immédiatement se défaire de l’unes des armes concurrentielles dont nous disposons face aux Goliath qui nous entourent. Notre tâche est de vaincre Goliath, non de s’y soumettre.
La reddition par avance semble être devenue un acte moral. Il me semblait que le vocabulaire avait un autre mot pour désigner cela : traitrise.


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