Develop further the developed World!

Summary.
While developing countries have clear priorities to move forward, the developed World is disoriented. It faces three challenges: a demography with less active people to provide for the well-being of more inactive ones, an economic stagnation, and an inappropriate structure of its activities. To meet these challenges some reduction of acquired benefits will be required (e.g. social protection, retirement pensions, retirement age), together with a massive immigration to occupy the jobs that residents don’t want or cannot take. Schools and professional training will need to refrain from producing a solely college-educated useless youth, and to foster a science and technology culture. The financial sector must stop to dance around virtual values, and re-industrialisation needs to take place. These solutions don’t cost much but will take a lot of courage and a long time to be put in place and to bear fruits. The sooner the better.

(further English translation not available)


 

Depuis la fin du colonialisme les peuples du monde dit développé se donnent bien de la peine pour aider les pays considérés du tiers monde, en voie de développement, voire émergents afin qu’ils puissent un jour participer au concert des nations sur un pied d’égalité avec l’Occident. Au-delà de la philanthropie ce sont des marchés nouveaux qui sont ainsi créés, offrant aussi une plateforme de croissance au monde déjà nanti. Les défis qui se posent à ces peuples sont clairs car leurs besoins sont aisément identifiables, et énormes.

Ce n’est pas le cas pour les pays que l’on considère généralement comme riche. Alors que de remarquables progrès ont été réalisés – revenus, protection maladies, accidents, chômage, retraite, performance des systèmes de santé, compensation de perte de gain dû au chômage – on constate que la période des trente glorieuses s’est essoufflée. On oublie trop souvent que ces progrès sociaux n’ont été rendus possibles que par une économie florissante, ce qui est aussi le cas pour la protection de l’environnement et la dépollution. Le monde occidental se croit maintenant arrivé à un stade post-moderne où les conditions de bien-être matériel dépendraient plus de la capacité de représentation que de celle de création. Pourtant il se trouve dans une crise structurelle sans précédent qui se manifeste par de forts taux de chômage, des déficits et dettes publics impossibles à rembourser, et un secteur financier dysfonctionnel. Mais ce ne sont là que des symptômes que, faute de meilleures idées, l’on s’acharne à combattre avec des méthodes jamais satisfaisantes et souvent contradictoires, comme par exemple l’incompatibilité d’une politique de relance visant à diminuer le chômage et, simultanément, d’une stricte discipline budgétaire. Les perspectives à court terme ne sont pas bonnes, et à long terme elles sont inexistantes.

En fait, le monde des nantis est à la croisée des chemins et doit faire face à trois défis pour prétendre continuer son développement.

Le premier de ces défis est démographique : l’espérance de vie est passée en deux générations de moins de soixante à plus de huitante ans alors qu’en même temps la fertilité s’est réduite à un taux très en dessous du renouvellement. Il en résulte une pyramide des âges qui fait qu’une personne économiquement active doit aujourd’hui produire une richesse suffisante à assurer le train de vie de plus en plus de personnes, enfants, étudiants, parents au foyer, malades, retraités et vieillards.

Le deuxième défi est que l’économie stagne, à un haut niveau, mais elle stagne. Non seulement cela péjore la situation des laissés pour compte qui sont plus nombreux à dépendre de l’assistance sociale alors que celle-ci a de moins en moins de moyens, mais aussi cela reste accompagné d’une constante augmentation des déficits publics, sauf dans des pays jouissant de ressources naturelles bien gérées (Norvège) ou qui se sont donnés des principes constitutionnels économiquement vertueux (Suisse). Il est maintenant devenu moins possible, voire impossible, de continuer à améliorer le bien-être, la santé et la protection sociale de tous, alors même que les besoins sont en croissance, en particulier ceux des personnes âgées.

Le troisième défi est la structure de l’activité. La formidable croissance de l’après-guerre s’est faite par une industrie inventant des technologies et produisant des biens d’équipement et de consommation toujours plus performants. Avec l’apparition de pays capables de reprendre des activités productives à bien moindre coût, des pans entiers du secteur industriel, technologies et savoir-faire inclus, y ont été transféré (textile, chimie, électronique). Ce mouvement s’est d’ailleurs considérablement accéléré après la chute du bloc soviétique. En Occident un secteur des services s’est progressivement substitué à l’industrie, reposant plus sur des compétences de personnel et d’organisation que sur des biens concrets comme le sont les fabriques, les ateliers, les laboratoires et les machines, accompagné du savoir-faire qui y est lié. On constate alors que vendre des assurances, faire de la publicité, générer des régulations et contrôles bureaucratiques, ou offrir de complexes produits financiers ne repose plus sur une base économique tangible. Cette économie virtuelle n’est pas viable, car seule, sans la réelle, elle est incapable de créer de la richesse. Et aussi, avec l’avènement des technologies d’information et de télécommunication numériques, les services ne sont plus en mains exclusives des pays ex‑industrialisés ; ils peuvent aussi bien être fournis par des gens intelligents et bien qualifiés depuis n’importe quel endroit sur terre. Ces phénomènes de mondialisation ont pour conséquence une formidable chance de développement pour les pays émergents, mais de graves problèmes de structure dans les pays parvenus. Les gens sans qualifications y ont une vie encore plus difficile alors les mieux qualifiés se sont éloignés de l’ingénierie et des sciences pour s’adonner à d’autres activités, certes intéressantes mais plus mouche du coche que fourmis productrices, s’adonnant à des futilités post-modernes dont la valeur est éphémère.

Ces trois défis sont bien sûr interdépendants, chacun étant cause et conséquence des autres, ce qui rend le problème encore plus compliqué.

Au premier défi démocratique il n’y a en fin de compte que deux réponses possibles, vraisemblablement un mélange des deux. D’une part, certains avantages acquis devront être revus à la baisse : moins de prestations sociales, ou moins de revenu, ou plus d’année de travail. La charge sur les actifs pour soutenir les inactifs sera ainsi réduite. D’autre part, les besoins en personnel dans presque tous les secteurs ne pouvant être couverts par la natalité, une immigration massive est nécessaire pour occuper les postes que les résidents ne sont ni désireux ni capables d’assumer. Et en plus il faudra faire en sorte que ces immigrés se comportent respectueusement dans leurs pays d’accueil et s’y intègrent harmonieusement. La grogne, ou pire, est certaine.

Au deuxième défi on répondra par les solutions au troisième, par une ré-industrialisation et par une révision en profondeur des politiques d’instruction scolaire et de formation. Alors que le succès de l’Occident a reposé en grandes parties sur la qualité passée de ses écoles il s’agit maintenant de les réorienter d’un côté vers une réduction du « tous à l’étude » qui a mené à produire des pléthores d’universitaires inutilisables, accompagnée d’une vraie promotion de la formation vraiment professionnelle, et d’un autre côté vers une culture englobant mieux la science et la technique. Cette réforme n’entraîne aucun coût nouveau, elle n’a besoin que de volonté et de détermination.

Si la ré-industrialisation ne se fait pas, l’innovation migrera aussi. Dans une industrie où la recherche et le développement sont essentiels à la survie de l’entreprise chacun ayant un peu d’expérience sait qu’il existe, comme au théâtre, une règle classique concernant R&D, production et marketing exigeant que ces trois fonctions soient réunies en un lieu, une action et un instant commun. Sans cela la capacité de création et de réaction est amoindrie, et la culture industrielle se délite. La Chine, l’Inde et les autres se construisent peu à peu une R&D efficace, comme le Japon et la Corée l’ont fait en leur temps. Ce n’est pas une raison pour que l’Occident abandonne la sienne. Il ne s’agit pas de sauver des entreprises moribondes en les faisant continuer de produire de manière inefficaces des produits invendables, il s’agit au contraire d’investir en quantité et qualité afin que des personnes compétentes puissent disposer d’équipements performants pour que l’innovation soit continue.

La ré-industrialisation passera aussi par une réorientation de la finance vers l’économie réelle et moins sur la valse des valeurs virtuelles. Le secteur financier devra perdre de son importance, même si cela s’accompagnera de la perte de plusieurs points de PIB [1]. Il ne devrait plus être prédominant dans les réflexions des politiciens et des dirigeants d’entreprise. Pour y arriver, de profondes réformes fiscales sont nécessaires, favorisant le réinvestissement et taxant de manière dissuasive les transactions financières à très court terme, inutiles à l’économie réelle. Aussi, plutôt que de mettre à disposition des banques des fonds sans limite pour que celles-ci se les prêtent entre elles avant qu’elles n’en offrent qu’une petite partie aux entreprises, il serait peut-être plus indiqué que les banques centrales accordent des lignes de crédit aux seuls instituts bancaires dont l’unique mission est de financer l’activité des entreprise, tant commerciale que pour les investissements productifs. Les autres banques gèrent des fortunes, la leur et celle de leurs clients, accordent des crédits garantis par des hypothèques, émettent des instruments financiers originaux (fonds en tous genres), ou syndiquent des opérations de financement à long terme (fonds propres, mise en bourse, emprunts obligataires). Elles n’ont besoin que d’un système général efficace pour les transferts de fonds et de devises, mais elles n’ont pas besoin du soutien des banques centrales ou des gouvernements, car elles ne doivent s’appuyer que sur leurs fonds propres et sur les prêts privés que leurs bailleurs veulent bien leur faire à leurs risques et périls. Des banques réglementées pour n’être que dédiées qu’aux entreprises sont certainement des institutions peu libérales. Mais rappelons que dans une société ouverte, libre et responsable, l’état a la tâche de protéger le pays et ses habitants des dérives qu’une majorité pourrait imposer à une minorité, ou des risques qu’un groupe constitué peut faire courir à tous.

Ces priorités stratégiques ne sont pas nécessairement couteuses mais elles prendront du temps, beaucoup de temps pour être mises en œuvre d’abord, et porter des fruits ensuite. Elles doivent être engagées toutes en même temps. Il y faut du courage et une part d’abnégation car la durée d’une ou deux législatures, ou de l’emploi d’un CEO, n’y suffiront pas. Ce seront les successeurs, ou même les successeurs des successeurs, qui tireront les marrons du feu. En attendant on continuera les jeux d’équilibrisme et de modulation de la politique de tous les jours et de l’opportunisme affairiste. Mais si l’on désire vraiment que le déclin de l’Occident n’ait pas lieu, comme certains le pronostiquent avec trop de Schadenfreude, alors il faudra bien se mettre d’accord pour que de telles politiques soient engagées avec sérieux et détermination sur le long terme. Le plus tôt sera le mieux.

 


[1] Dans le calcul du PIB il faut bien reconnaitre que l’argent a une certaine odeur. Ce n’est pas la même chose de l’augmenter en réparant des dégâts ou en créant de nouvelles richesses. Malgré tout le respect qu’on leur doit, le carrossier, l’avocat ou le fossoyeur n’améliorent le PIB que selon la mesure d’un bilan comptable, alors que le savant, l’ingénieur ou l’artiste créent des valeurs nouvelles, percevables par tout un chacun. On restera indifférent à ce que le fossoyeur creuse un trou bien à l’équerre ou non, mais l’amélioration de la production, que ce soit de patates ou d’œuvres d’art, sera mieux appréciée.


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