Initiative « contre l’immigration de masse », visages des partisans et opposants.

Il y a vraisemblablement trois sortes de partisans déclarés de cette initiative, ceux qui voteront oui le 9 février prochain, ou qui ont d’ores et déjà voté par correspondance.

Les premiers, sont ces irréductibles concitoyens dont on a souvent honte lorsqu’ils parlent fort au bistrot ou lorsqu’ils sont en groupe à l’étranger. Ils ne se préoccupent de l’extérieur que pour y faire des affaires ou pour se faire un compte rendu de la supériorité helvétique en toutes choses. Comme c’est mieux chez nous l’arrivée des étrangers ne peut qu’abimer notre environnement social, culturel (si tant est que ces gens-là aient une culture civilisée), politique et économique. L’ « Überfremdung » commence avec le premier métèque arrivant chez nous. Ces irréductibles-là existent et polluent l’atmosphère.

Les seconds sont ceux qui prennent prétexte de la situation de l’immigration pour « se payer » les accords avec l’Union européenne. Ils savent que ce sont des Européens, avant tout Allemand, Français, Portugais, qui ont fait les flux migratoires importants de ces dernières années et qui contribuent à l’essor du pays. Ils savent que la question de l’asile est différente de celle de la migration, ils savent que l’immigration illégale n’est pas réglée par des lois supplémentaires, et ils savent que la solidité institutionnelle et culturelle du pays n’est pas en question, mais ils veulent provoquer une rupture à tout prix.

Les troisièmes enfin sont ceux qui estiment que le bilan des avantages et des inconvénients de l’immigration dans le pays est devenu négatif et que, même pour les ressortissants des pays européens, il faut introduire des mécanismes de régulation, ce qui implique que les traités avec l’Union européenne doivent être révisés.

Pour les deux premières catégories tous les arguments et tous les mensonges sont bons, comme par exemple cette affiche de propagande qui vient de paraître aujourd’hui :

Affiche Stop ImmigrationAlors que l’afflux de personnes venant de pays de religion musulmane a pratiquement stoppé, les Turcs restent maintenant chez eux, les bosniaques et kosovares aussi, on laisse croire que tous ceux qui sont maintenant en Suisse sont des fidèles prônant le voile intégral et que le flux va continuer de manière exponentielle.

L’origine des migrants actuels est fausse, les chiffres du graphiques sont faux, l’extrapolation est fausse, l’identité fondamentaliste attribuée à ces gens est fausse.

Mais la peur, la haine ou le mépris qui inspirent les propagandistes est à la mesure de leur vraie nature.  Avec de telles affiches ils méprisent même leurs propres concitoyens qu’ils croient prêts à gober ces non-sens et ces mensonges.

 

S’il est vrai que l’on peut argumenter avec les partisans de la troisième catégorie – et s’accorder avec eux que l’on n’est pas d’accord – il faut qu’ils se rendent compte qu’ils sont instrumentalisés par les deux premières. Il y a des amis qu’il vaudrait mieux ne pas avoir. Ils s’en apercevraient dès que, après que l’initiative aurait été acceptée, des exigences de contingents restrictifs immédiats et indistincts seraient posées et qu’un affrontement avec l’UE serait systématiquement attisé.

Quant aux adversaires de l’initiative il faut tout d’abord constater qu’ils n’ont rien demandé. Ils répondent simplement à la proposition d’article constitutionnel qui est faite au peuple par cette initiative. En disant non ils n’ont pas d’obligation de proposer autre chose. Néanmoins on peut aussi distinguer deux catégories chez ceux-là.

Les premiers sont des ingénus de toutes tendances, niant que des problèmes peuvent se poser lorsque des populations se mélangent, teintés d’une idéologie de l’homme bon par essence, internationalistes par programme,  voire même volontaires de l’acculturation. Pour ceux-ci les partisans de l’initiative sont, en bloc, des méchants et inhumains xénophobes.

Les seconds, dont je fais partie, n’estiment pas que la situation soit si dramatique en Suisse pour que les mesures proposées soient nécessaires. Ils constatent que l’intégration dans le pays s‘est faite au cours des décennies de manière plutôt calme, sans apartheid et ghettos tels qu’on peut les observer chez nos voisins. Ils ne nient pas qu’il y ait des problèmes à résoudre (logement, transport, enseignement des langues, concurrence salariale dans certains secteurs, entrée dans les systèmes de protection sociale), des abus à combattre, et des normes à respecter. Pour eux la prospérité du pays n’est pas inhibée par les immigrants, ce serait plutôt le contraire.  Mais ils voient venir un bazar chaotique pour la définition des contingents et ils préfèreraient que les règles en vigueurs, celles qui sont incluses dans la libre circulation et les « mesures d’accompagnement » soient strictement appliquées. Ils n’ont ni confiance ni sympathie pour la première catégorie des partisans de l’initiative. Quant à la renégociation des traités avec l’UE ils doutent fort que la Suisse puisse sortir des marrons de ce feu-là.  La politique avec l’Union européenne devant être faite de traités, remettre en question ce qui a été construit est peut être nécessaire, encore faut-il savoir quoi, dans quel but et comment, mais certainement pas par une tactique de guérilla comme le propose cette initiative.


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